Installation
Béné où es-tu ? Tu nous manques. On est tous là pour t'aider ou ne rien dire, comme tu veux. On t'aime. Viens vite. Marie-Anne. Code immeuble 15 48.
Extrait :
Si j'admets son décès, je travaille sur des restes, des reliquats. Je la fige dans sa mort.
Si elle a seulement disparu, je peux interpréter ses traces.
La photo en noir et blanc de la femme en robe de mariée a été prise par Bénédicte. Je l'ai intégrée dans un tableau de la série ALLIANCES.
Une étrange veste est suspendue à un clou dans le mur. Du mauve, du rose, du blanc, de discrètes dentelles. Une pièce unique sans aucun doute. Bénédicte la portait certainement très bien.
Extrait :
Si les parents de Bénédicte déménageaient, que choisiraient-ils d'emporter ? Comment trier les affaires d'une personne portée disparue, sans la trahir ni l'abandonner, sans la considérer morte avant l'heure ?
Extrait :
Dans un grenier, les différentes strates du temps finissent par se mêler, se confondre, surtout quand il sert de dépôt à plusieurs générations. Ici, au contraire, les deux univers sont bien distincts. D'un côté, d objets placés par Bénédicte elle-même ; de l'autre, des objets enfermés Lire la suite
Extrait :
Je regarde les photos prises par Bénédicte. J'en ai beaucoup, des cartons pleins. La plupart sont en partie calcinées, couvertes de cendres. Elles ont une odeur de feu. J'essaye de relever des obsessions parmi ces centaines de clichés. Bénédicte aime les ruines, les chantiers, le béton Lire la suite
Extrait :
Outre le journal et l'agenda de Bénédicte, j'ai récupéré deux cahiers de voyage qui lui appartiennent. Je les ai gardés longtemps fermés. Je ne trouve pas le bon moment pour les lire. J'en attend trop peut-être.
Extrait :
Je reconnais Bénédicte dans certains objets : des coeurs, des anges baroques, de vieux instruments de musique en bois, un broc d'eau, des pantins en cuir. Des nombreuses boîtes de rangement en plastique transparent sont disposées contre les murs. Elles contiennent les restes du studio Lire la suite
Extrait :
Accrochés derrière la porte, des chaussons à pointes. Je me demande si Bénédicte connaît le Journal de Nijinski, ou ses Cahiers. Je les lui prêterais avec plasir. Elle lirait les obsessions du danseur.
Extrait :
Par terre, suspendus au plafond ou accrochés au mur, des objets insolites, des couleurs, des formes jamais vues.Un désordre fantastique peitn par Chagall.
D'où viennent tous ces objets ? Je leur invente une histoire, un passé.
Extrait :
Bénédicte n'appartient pas à mon passé. Davantage à mon présent, mais de manière imaginaire. Bénédicte est au futur antérieur. Bénédicte est mon futur antérieur, ce temps impossible.
L'aurais-je aimée ?